William Poire, mon histoire

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Lettre de présentation pour ceux qui me liront

Je m’appelle William Poire, j’ai onze ans et demi, et je finis avec succès ma première année de 6ème, c’est-à-dire que je suis admis à redoubler dans la même classe, au moins pendant un an.

L’an dernier, mes parents ont choisi de me déporter dans un pensionnat pour suivre des études poussées. A plusieurs reprises, elles ont bien failli me pousser vers la sortie, parce que cette première année s’est pas toujours bien passée, loin sans fautes *.

Il m’est arrivé que des conneries, des avertos à la pelle et des punitions à la tracto-pelle. Il y en a qui me disent que je suis pas mûr pour mon âge. Ils ont sans doute raison. N’empêche que quand on est mûr, on est pas loin d’être pourri, alors là, très peu pour moi. Mon copain Omar, un Noir plus évolué que moi – je vous le présenterai plus loin -, me dit que j’ai la chance d’être resté jeune. « T’as un âge mental précoce » qu’il arrête pas de me dire.

Physiquement je suis un peu bigleux, ce qui fait que je vois les catastrophes arriver que quand elles me sont tombées dessus. Donc, comme j’ai souvent été occupé à faire des travaux extérieurs à mon travail scolaire, forcément j’ai du retard. C’est pour ça que je repique ma 6ème à la fin du deuxième millénaire, et une deuxième 6ème au début du troisième millénaire. Je pense que c’est une chance à saisir à la perche, parce que comme ça, je verrai enfin l’évolution de l’enseignement sur une longue période. Des spécimens comme moi, faudra les chercher à la loupe.

Chers lecteurs, le livre que vous allez lire est unique pour pas mal de raisons. D’abord parce que vous en aurez pour votre argent, surtout si vous essayez de trouver les quelques fautes que j’ai planquées au hasard dans mon livre pour savoir si vous étiez attentifs. D’ailleurs, je sais même plus où elles sont. Bon, c’est pas l’essentiel.

Ensuite, parce que les pages qui suivent vont vous toucher au très fond de vous. Parenthèses : Omar me signale que c’est pas français, et qu’il vaut mieux écrire « au tréfonds ». Moi, je veux pas faire de racisme orthographique, mais je crois qu’il se goure vu qu’il a appris le français dans la jungle « entre la poire et le fromager » comme il dit. Fin de la parenthèse. Si vous avez pas aimé Les Malheurs de Sophie parce que c’était dans le temps, vous verrez que les miens, ils sont beaucoup plus modernes et que la même chose peut arriver à vos enfants. Alors là, vous relirez mon livre avec attention en disant que je suis pas aussi bête que j’en ai l’air.

Vous aimerez enfin peut-être mon livre, parce que de la façon qu’il est écrit, il y a pas un écrivain qui, pour le même prix, mettrait autant de choses dedans. C’est moitié ma biographie, moitié un livre d’aventures, moitié une pièce de théâtre, moitié un livre de poésies à faire apprendre à des élèves punis, moitié un livre de réflexion sur l’enfance mal traitée par les profs et, enfin, moitié un livre de « pédagologie. » Et toutes ces moitiés font un seul livre pour le même prix.

C’est sûr, j’aurai pas le prix Goncourt pour 2 raisons : primo et d’une part, parce que le Goncourt, il récompense que des adultes. Et deuxièmement, dans les romans récompensés, l’auteur dit toujours de pas rechercher des ressemblances avec des personnages ayant existé, alors que dans mon livre tous les personnages existent en chair et en os. Il y en a pas mal que je cite et qui sont payés pour faire ce qu’ils ont à faire, les profs pour pas les nommer.

Pendant ma première 6ème, j’ai souvent écrit à mes parents pour leur raconter le détail de mes problèmes. Chaque fois, je faisais des photocopies au cas où mes parents m’accuseraient de ne pas leur écrire. Alors voilà mes lettres, corrigées par mon copain Omar. Évidemment, il y en a avant moi qui ont écrit plein de lettres, que vous me direz. Papa m’a parlé d’une Madame de Sévigné, une copine à lui qu’il avait fréquentée pendant qu’il était au collège, avant de connaître maman. Je vais pas vous barber avec de l’histoire ancienne préhistorique. Il y a aussi Alphonse Daudet, un Sudiste qui écrivait des lettres de son moulin. Alphonse, on l’a étudié cette année, et je pense que je vais me le refarcir l’an prochain. À mon avis, ça vaut pas tripette, vu que la chèvre de  Monsieur Seguin, ça fait une paille que je la connais.

Les lettres de William Poire, je sais pas si les enfants que j’aurai avec ma  copine Doudoune les liront. Doudoune, c’est ma copine de onze ans. Sans vous parler de ma vie sentimentale et privée, vous pouvez lire, dans le premier volume, une lettre que je lui ai écrite pendant un cours de français. Vous pouvez aussi la lire sur la page des extraits de mes œuvres.

* Wiliam Poire ne maîtrise pas bien l’orthographe

Là c'est moi, William Poire !

Moi, William Poire, j’ai 11 ans ½ au début du livre, (7 ans d’âge mental qu’Omar me dit quand il me charrie), mais ça varie continuellement. Je suis pas grand, moitié myope d’après le z’yeutiste, moitié presbyte d’après mes copains.
Mes parents m’ont déporté dans un internat pour un bail.

L'interview de mon auteur Jean-Claude Lumet

Raconte-moi ma naissance.

Retour sur une histoire peu banale. En tant que professeur d’anglais, j’ai organisé pour mes élèves de Collège une vingtaine de séjours à l’étranger, principalement en Angleterre. Chaque année, je me faisais un plaisir d’écouter les commentaires de mes plus jeunes élèves qui découvraient la Grande-Bretagne pour la première fois. Je me suis parfois retenu de rire tellement les remarques étaient surprenantes et amusantes pour un adulte.

Un jour, je me suis mis « dans la peau » d’un jeune de 11-12 ans qui débarque en Angleterre et qui, dans une lettre à ses parents, raconte sa semaine outre-Manche. Étant du genre « élève-catastrophe », sympathique mais naïf, il donne de son séjour linguistique un compte rendu folklorique. Cette première lettre était destinée uniquement à amuser ma famille d’abord et mes collègues accompagnateurs ensuite. Le résultat fut immédiat sous forme d’un fou rire qui ne s’arrêtait pas.

Régulièrement, je donnais ma livraison des exploits de l’élève en question auprès d’une centaine de lecteurs. J’en avais fait un interne qui écrivait régulièrement à ses parents, ses grands-parents, sa petite copine, ses profs, etc. pour décrire par le menu les catastrophes scolaires qu’il déclenchait parfois involontairement mais le plus souvent avec la complicité de son inséparable copain Omar. Il fallait donner un nom à cet élève, mais quel nom ? En voyant une bouteille d’eau-de-vie de poire William, j’ai eu l’idée de t’appeler William POIRE ou POIRE William.

Au fil des semaines, la correspondance de William formait un livre qui recouvrait plus ou moins toute une année scolaire. Je le donnai à lire à près d’une centaine de personnes de tous milieux et de tous âges. Les aventures de William Poire faisaient rapidement le tour des familles et le bouche à oreille fonctionnait admirablement. Tous réclamaient un livre. Et il y en a 6 désormais.

William POIRE, c’est une série ?

Certainement pas ! J’avais écrit un livre et ça me suffisait. Mais dès la sortie du livre, en septembre 2000, la presse, la radio, la télé se sont emparées du personnage (20 heures de France 2, Pivot, Okapi, le Ministre de l’Éducation, etc.) L’engouement fut tel qu’il m’a fallu écrire une suite, le redoublement de William Poire. Et puis, un n° 3 (en Grande-Bretagne), un n° 4 (au Québec), un n° 5 (au Sénégal, le pays de l’inoubliable Omar), un n° 6 (la réforme de l’Éducation nationale selon William Poire, et ça déménage !).

Mon personnage de William POIRE vieillit-il au fil des ans ?

Non ! Il est l’éternel collégien entre 11 et 12 ans, juste avant de devenir un adolescent en crise. Au fil des années, il a séduit toutes les tranches d’âge, de 8 à 97 ans. Les dédicaces l’attestent. Atteindra-t-il les centenaires ? Le pari est lancé !

Combien d’éditions de moi, William Poire, il y a eu ?

4 éditions en tout ! La première, dont je tairai le nom, a su vraiment tirer un juteux profit du phénomène. La deuxième, Mosée Éditions, aurait pu se faire un grand nom dans l’édition. Le cancer foudroyant du principal responsable en décida hélas autrement. Le Petit Pavé, qui m’avait édité deux ouvrages dont « Les Assassins de la planète verte », s’est intéressé à William POIRE. Il a débarqué en 2010 chez Noëlle et Gérard et il s’y sent bien. Il compte désormais 6 volumes. Parallèlement à l’édition classique, les trois premiers titres sont sortis en édition gros caractères pour les malvoyants dans la collection Largevision de l’Encre Bleue Éditeur. Une adaptation théâtrale en a été faite sous le titre « Les Dé-Poires de William » portant sur les trois premiers volumes. Avec un William POIRE, plus vrai que nature, incarné par un comédien professionnel.

William Poire, c’est pour les enfants ?

William Poire a été décrit par un journaliste comme étant un personnage « entre Le Petit Nicolas et La Foire aux Cancres. » Depuis sa première sortie dans le public en 2000, j’ai constaté que mon cancre (qui n’en est pas un vrai) touchait un très large lectorat qui dépassait largement le rayon Jeunesse des éditeurs et des librairies. Les milliers de lecteurs rencontrés en sont la preuve vivante.

Voici une anecdote authentique vécue lors d’un salon : une dame âgée se présente à moi. Elle prend les tomes 4 et 5. Je la regarde et je pense que cette dame n’a pas dû remarquer les trois premiers tomes. Elle me tend les livres et me demande une dédicace. Je lui demande si je dois les dédicacer  pour ses petits-enfants. » Elle me regarde et me dit sur un ton amusé : « Non, c’est pour moi !  J’ai 98 ans. Je viens de lire les trois premiers tomes, et… depuis trois semaines, j’ai arrêté les médicaments. » Je lui ai dit que, malheureusement, les livres n’étaient pas remboursés par la Sécurité Sociale.

C'est mon auteur, Jean-Claude Lumet
C'est mon auteur, Jean-Claude Lumet